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La résurrection vient comme l’émergence de la vie dans la mort
1. Selon les Écritures Saintes, en ce Samedi saint, l’Ange a quelque chose à nous dire ! Pour commencer, voyons comment il est mis en scène. Il y a un tremblement de terre, et l’Ange ressemble à un éclair. Ce sont des signes eschatologiques, nous sommes donc à la fin des temps. De plus, l’Ange est assis sur la pierre, montrant la maîtrise absolue de Dieu sur la mort, qui est le signe de l’avènement de la fin des temps. Il porte un vêtement blanc, le même que l’on a vu briller le jour de la transfiguration. Sa descente du ciel est le mouvement même de l’Esprit Saint lors du baptême de Jésus. Ces éléments montrent que toutes les théophanies de l’Evangile sont convoquées. Mais l’Ange lui-même est un rappel. Nous l’avons rencontré en effet au début de l’Evangile. Cet Ange qui vient nous orienter vers la Galilée, est celui descendu à Nazareth annoncer la venue du Sauveur à un certain Joseph, charpentier de son état.
2. Mais aujourd’hui, l’Ange n’est plus une figure diffuse qui parle dans un songe. Il brille. Son éclat nous dit que la résurrection est l’événement vers lequel toute l’Ecriture converge, il signifie que la résurrection est la source de la lumière qui éclaire la Loi, les prophètes et toutes les écritures. Voilà qui peut nous rendre attentifs à certaines paroles de l’ange. « Il est ressuscité comme il l’avait dit », nous dit-il. Cette scène n’est donc pas dans l’ordre de la représentation, mais dans l’ordre de la foi ! Cela veut dire que ce message nécessite notre adhésion.
3. La résurrection nous provoque à prendre position. Il nous faut choisir à quel groupe nous voulons appartenir. Celui des soldats qui refusent de lire le signe du tombeau vide et sont comme morts d’avoir refusé le jaillissement de la vie, ou celui des saintes femmes, qui, toutes tremblantes, accueillent le signe et la parole qui leur sont donnés. Elles étaient en recherche devant le tombeau vide et elles ont finalement rencontré Jésus, le Vivant.
Ainsi, si la rencontre avec Jésus est si simple, si naturelle, et presque anodine (elle ne tient que deux versets à la fin de l’Evangile), c’est parce que la foi nous rend accessibles les réalités que nous cherchons. « Je vous salue », dit Jésus, montrant ainsi qu’il nous a définitivement acquis la familiarité avec Dieu que nous avions perdue.
Il n’est pourtant pas question de s’attarder avec le Maître, de le maintenir près de nous : il nous invite à courir annoncer la Bonne Nouvelle. « Vite » nous dit l’Ange. Il y a urgence, nos frères et sœurs de toutes « nos Galilées d’aujourd’hui » (lieux de vie) doivent savoir, attendent l’aurore de ce jour où l’on peut enfin crier : « Jésus est ressuscité ! Venez et vous le verrez ! ». C’est ce que nous proclamons le jour de Pâques.
AUJOURD’HUI …
La résurrection vient comme l’émergence de la vie dans la mort
4. La discrétion de Dieu nous pousse à agir.
Elle laisse la place à notre responsabilité pour que se lèvent des forces créatives qui n’auraient pas vu le jour autrement.
Le silence de Dieu tout-puissant devant le covid-19 est un signe qu’il nous veut autonomes et qu’il désire que nos poussions nos limites pour grandir « à tous égards avec lui » (Eph. 4,15).
Il nous a dotés d’instinct de survie et de facultés cognitives.
Au demeurant, même si nous tardons à trouver des remèdes, Dieu demeure « un être éternel doué de sagesse et de puissance », comme aime le désigner Isaac Newton.
« Jésus est ressuscité ! Venez et vous le verrez ! » dans le contexte actuel du covid-19, c’est une invitation. Nous ne devrons pas revenir en arrière lorsque ce moment sera passé.
Comme le Saint Père nous y a exhortés, le vendredi Saint : « ne laissons pas passer en vain cette occasion. Ne permettons pas que toute cette souffrance, tous ces morts, tout cet engagement héroïque du personnel médical aient été vains ». C’est là un fruit positif de cette crise sanitaire.
« Jésus est ressuscité ! Venez et vous le verrez ! » dans le contexte actuel du covid-19, c’est une nécessité de survie. Les dégâts provoqués dans l’économie mondiale par cette pandémie se généralisent, engendrent une crise économique qui est aussi régulièrement comparée à celle de 1929. Le covid-19 est le signe des limites d’une certaine toute puissance, une expérience de l’altérité épistémologique. En d’autres termes, pour reprendre les mots du paléoanthropologue Pascal Picq, le covid-19 « a émergé au cœur d’une civilisation qui méprise la nature ». Le confinement, mesure inédite pour gérer une crise sanitaire, produit un mélange d’accélération des signes du changement écologique et de ralentissement de l’activité économique qui est propice à la réflexion fondamentale sur notre mode de développement.
Toutefois, je pense que la plus grande récession à craindre, c’est la récession anthropologique, la paupérisation anthropologique, c’est-à-dire tout en gardant l’apparence humaine, nous devenons de moins en moins humains. La crise du coronavirus, « une occasion à saisir pour changer notre mode de vie »
« Jésus est ressuscité ! Venez et vous le verrez ! » C’est dire qu’une catastrophe planétaire majeure peut servir de déclic pour une mutation durable de notre société vers plus de solidarité entre les peuples et un recentrage sur l’humain. Ce sera là une vraie résurrection, une manière de re-susciter notre humanité. « Voilà notre foi, voilà notre espérance : au milieu du coronavirus (…), alors même que la croix est présente pour chacun de nous, quoique à des degrés différents, le Christ ressuscité a déjà manifesté sa victoire et demande désormais que nous lui fassions confiance en tout » (Thierry
Brac De la Perrière, Evêque de Nevers).
Que l’Evangile soit annoncé en acte et que l’humanité en soit illuminée de douce joie, d’espérance, de résurrection.
Amen !