3°dimanche de carême
Les menaces de Dieu dans la Bible sont de pressants appels à la conversion. Mais saint Luc préfère insister sur la miséricorde et souligner la bonté du vigneron qui invite le maître de la vigne (1) à la patience: “Laisse-le encore cette année…”
Mais la conversion est toujours urgente : il ne faut surtout pas se laisser endormir. Ici, ceux et celles qui ne se retourneront pas vers Dieu périront comme les acteurs des deux épisodes cités. Les deux fois, Jésus répète la même phrase: “Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux.” C’est la règle des paraboles du jugement, et en particulier, de celle d’aujourd’hui.
L’historien Philon nous a décrit Pilate comme «inflexible, impitoyable et obstiné »; de l’an 26 à 36, il imposa son autorité par la violence, puis il fut exilé en Gaule.(2) Si l’affaire des Galiléens massacrés près de l’autel des sacrifices n’est pas mentionnée par les historiens, elle est plus que vraisemblable. De son côté, Jésus n’appuyait pas les zélotes dans leur lutte contre Rome: son message est resté clair et bien centré: “Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle” (Marc 1, 15).
Saint Luc ajoute un deuxième fait divers inconnu des historiens : dix-huit personnes de Jérusalem sont mortes dans l’effondrement de la tour de Siloé. Mais comme dans le récit de l’aveugle-né, en saint Jean 9, 2-3, où Jésus expliquait que “ni lui, ni ses parents n’ont péché pour qu’il soit né aveugle”, il affirme ici qu’aucune d’elles ne fut victime de châtiment. Dieu ne cherche pas à punir mais à relever. Cependant, chacun est responsable de ses décisions et de ses imprudences comme l’indique l’ensemble des paraboles du jugement.
Pour se défaire aujourd’hui de complexes de culpabilité, on aime croire que la responsabilité devant Dieu diminue, qu’il nous comprend toujours et que chacun doit choisir librement sa voie. À la fin, affirme-t-on souvent, tout finira bien par s’arranger puisque tous seront sauvés, quelles que soient leurs décisions.
Tel n’est pas l’enseignement de la parabole du figuier ni de l’évangile. Le vigneron compatissant, plein d’attention et d’amour pour sa vigne, c’est bien le Jésus que nous aimons. Mais il reprend ici avec force le message de Jean Baptiste: “Produisez donc des fruits qui expriment votre conversion” (Luc 3, 8). Puissions-nous de ne pas abuser de la patience de Dieu…
Amen !
PAM
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(1)Traditionnellement, la vigne symbolise le peuple d’Israël. Voir entre autres le Psaume 79, 9; Osée 10, 1; Jérémie 2, 21. Le figuier planté dans la vigne représente ici les disciples du Christ.
(2) Le récit de la Passion présente sommairement Pilate comme un homme manipulé par Caïphe, et qui n’a donc pas condamné Jésus pour insurrection.