Luc. 2, 41-52
Des parents qui s’inquiètent, un enfant obéissant, mais obéissant à celui qu’il appelle « Mon Père ». Cette humble famille de Nazareth n’a fini de découvrir qu’elle est la volonté de Dieu, et surtout comment faire cette volonté.
La sainte famille… un mystère …
Quelque chose que l’on croit connaître et en même temps qui nous échappe, qui nous dépasse… à comprendre en allant à son fondement.
« Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de Pâque. Quand il eut douze ans, ils montèrent à Jérusalem, selon la coutume de la fête. Mais au terme de leur séjour, lorsqu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem, à l’insu de ses parents. »
Il y a quelques jours à peine, nous fêtions la Naissance du Sauveur, le Seigneur Jésus. Christ. Aujourd’hui, dimanche dans l’Octave de la Nativité, l’Eglise nous invite à honorer ensemble les trois personnes qui composent la Sainte Famille : Jésus, Marie, et Joseph. La naissance du Sauveur du monde est un réel mystère, celui de l’Enfant-Dieu, conçu du Saint-Esprit, né d’une Vierge : Marie. Nul doute que, dès lors, la Sainte Famille ne soit pas une famille comme les autres, mais bien un mystère elle aussi. D’ailleurs, toute famille n’est-elle pas elle-même un mystère ? L’union de deux individus, un homme et une femme, en vue de la génération des enfants dans l’amour, tout cela n’est-il pas un mystère ? Tout homme, toute femme, quels qu’ils soient, sont des individus : chacun a en lui quelque chose qui lui est propre et qui lui est impossible de communiquer à qui que ce soit, sinon à Dieu, Créateur de toutes choses.
Par conséquent, toute union entre deux individus, ici un homme et une femme, ne pourra exister réellement que si quelque chose de mystérieux vient s’y glisser, comme un solvant, ou un catalyseur favorisant l’union entre l’homme et la femme.
Ce quelque chose de mystérieux, c’est déjà l’enfant qu’ils ont l’intention de procréer ensemble, cet enfant dont Dieu lui-même, un jour, créera l’âme façonnée à son image et à sa ressemblance.
Ce quelque chose de mystérieux lié à l’enfant est, de soi, un élément spirituel, invisible, indécelable…
Mais, un beau jour, ce qui est spirituel prend corps et se manifeste, car l’enfant n’est pas un pur esprit : il est, comme le père et la mère, doté aussi bien d’une âme que d’un corps. Alors, le mystère commence à se dévoiler, un peu, de temps à autres… Plus la famille est unie dans l’amour et dans la grâce de Dieu, plus le mystère va étonner en se dévoilant, car il sera plus grand, plus profond, plus magnifique !
Quand il s’agit de la Sainte Famille, il ne fait pas de doute que le mystère sera le plus grand qui sera jamais. Mais alors, il ne faudra pas s’étonner si une explication quelconque, humainement compréhensible, ne pourra être donnée. Ce fut le cas lorsque Jésus resta seul à Jérusalem : « L’enfant Jésus resta à Jérusalem, à l’insu de ses parents. »
La croix déjà présente dans la vie de Jésus, Marie, Joseph.
« Le croyant dans la caravane, ils firent une étape, et se mirent à le chercher parmi leurs parents et connaissances ; mais ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem à sa recherche. Au bout de trois jours, ils le retrouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient s’étonnaient de la sagesse de ses réponses. »
Trois jours ! Joseph et Marie ont cherché Jésus pendant trois jours ! Ce furent trois jours interminables, passés pratiquement sans rien manger et sans trop pouvoir dormir… Quels sont les parents qui auraient passé ces trois jours dans d’autres conditions ?
Vraiment, ce furent les trois jours les plus pénibles de la Sainte Famille : ce fut une véritable épreuve pour Joseph et pour Marie, bien sûr, mais aussi pour Jésus lui-même, qui savait très bien tout ce que ses parents étaient en train d’endurer… Ces trois jours font penser à trois autres jours : ceux qui s’écoulèrent, selon le calcul des Juifs, entre la Mort et la Résurrection du Seigneur, trois jours d’épreuves encore… pour Marie.
« A sa vue, ils furent saisis d’émotion, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fais cela ? Ton père et moi nous étions à ta recherche, tout angoissés. » Il leur dit : «Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être à la disposition de mon Père ?» Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur avait dite. »
Une fois l’Enfant-Jésus retrouvé dans le Temple, avec les docteurs, Marie ne peut s’empêcher de lui faire un reproche : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fais cela ? Ton père et moi nous étions à ta recherche, tout angoissés. »
C’est chose normale. N’importe quels parents, même puissamment aidés par la grâce de Dieu, comme l’étaient Joseph et Marie, auraient agi de même en retrouvant le fils qui les avaient un temps quitté. Mais, quoique Joseph et Marie aient questionné leur enfant avec la plus grande douceur, ce qui est très méritoire, vu les circonstances, tout cela ne servit à rien : ils ne comprirent pas la réponse que leur donna Jésus : « Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur avait dite. »
La sainte famille, nos familles et la Sainte Trinité
Il s’agit pourtant là de la plus sainte des familles : Jésus, Marie, et Joseph. Mais rien n’y fait : les parents sont incapables de comprendre totalement leur enfant ! Le mystère demeure ! Pourquoi ?
Tout simplement parce qu’il y a dans toute famille une image de la Très Sainte Trinité :
que ce soient un père et une mère ayant un ou plusieurs enfants (ou ayant simplement l’intention d’en avoir), toutes ces personnes sont appelées à réaliser entre elles, sur terre, ce que le Père, le Fils et le Saint-Esprit vivent dans le ciel de toute éternité…
« Puis il descendit avec eux et regagna Nazareth. Il leur était soumis ; et sa mère conservait tous ces souvenirs dans son cœur. Et Jésus grandissait en taille, en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes. »
Voilà une aventure qui se termine bien ! Mais quelle richesse d’enseignement pour tout le monde !
D’abord pour Marie : « Sa mère conservait tous ces souvenirs dans son cœur. » Ensuite pour Joseph. Celui-ci n’en dit rien : l’évangéliste ne nous rapporte pas ce qu’il aurait pu dire.
Mais il comprit fort bien que tout cela était d’abord pour lui.
Car Joseph devait mourir avant que Jésus ne commence sa vie publique, et cet événement de Jésus, en pleine possession de sa raison et de son intelligence, fut le seul qui fut donné à Joseph de vivre ici-bas, dans l’attente de la rédemption promise…
L’Eglise et la famille
Notre mère l’Eglise catholique accompagne les familles tout au long de leur vie. Par la proposition des sacrements : mariage, baptême, réconciliation, eucharistie, confirmation, sacrement des malades. Elle les soutient dans l’éducation de leurs enfants. De nombreux mouvements en lien avec l’Eglise Catholique offrent des espaces de réflexion et d’action pour tous les âges de la vie.
La famille, pour le Pape Benoît XVI, est la cellule primordiale pour le développement intégral de la personne humaine. « La famille est le lieu privilégié où toute personne apprend à donner et à recevoir de l’amour. C’est pourquoi l’Église manifeste constamment sa sollicitude pastorale envers ce milieu essentiel pour la personne humaine (…) Elle constitue le milieu dans lequel l’homme peut naître dans la dignité, grandir et se développer de manière intégrale ».
Les enfants, en son sein, en attestent la fécondité en même temps qu’ils en recueillent l’héritage :
« À cet égard, les parents ont le droit et le devoir inaliénables de le transmettre à leurs enfants : les éduquer dans la découverte de leur identité, les initier à la vie sociale, à l’exercice responsable de leur liberté morale et de leur capacité d’aimer à travers l’expérience d’être aimés, et, par-dessus tout, à la rencontre avec Dieu. Les enfants grandissent et mûrissent humainement dans la mesure où ils accueillent avec confiance ce patrimoine et l’éducation qu’ils doivent assumer progressivement. De cette manière, ils sont capables d’élaborer une synthèse personnelle entre ce qu’ils ont reçu et la nouveauté, et ce que chacun personnellement et ce que chaque génération sont appelés à réaliser. »
Ainsi je crois que la famille est un des piliers de la construction de l’homme et de la société. À ce titre, lorsque l’Église la promeut et la défend, elle œuvre au bien du corps social tout entier.
Le pape François, lors de la grande soirée de prière du Congrès des familles à Philadelphie, en septembre dernier a eu ces paroles : Dieu n’a pas voulu venir dans le monde autrement que dans une famille. Dieu n’a pas voulu approcher l’humanité autrement que dans un foyer, Dieu n’a pas voulu pour lui-même d’autre nom que l’Emmanuel, « Dieu avec nous ». … La famille est la grande bénédiction, le grand don de ce « Dieu avec nous », qui n’a pas voulu nous abandonner à la solitude d’une vie sans les autres, sans foyer. … La famille est le symbole vivant du plan d’amour que le Père a rêvé pour nous autrefois … en faisant vivre à son Fils la vie de famille avec Marie et Joseph à Nazareth.
Dans l’Eglise, existe des Equipes Notre Dame (END). C’est un mouvement de spiritualité pour les couples. Il propose un cheminement et une entraide entre couples. C’est un moyen pour être heureux en couple et en famille, un lieu privilégié pour vivre l’évangile.
Deux Points concrets d’effets en couple.
Premièrement, la prière conjugale et si possible familiale.
C’est l’expression commune de la prière des conjoints. Elle soude ceux-ci dans un cheminement commun et dans un projet partagé. Cette prière, élargie à l’ensemble de la famille, devient un lieu d’apprentissage et de transmission de la foi. Par son exemplarité, la prière familiale rend naturelle à l’enfant la démarche de prier.
Deuxièmement, le devoir de s’asseoir.
Démarche que chaque couple veille à poser au moins une fois par mois. Les conjoints prennent le temps de s’arrêter, sous le regard de Dieu et en sa présence, et profitent de cette occasion privilégiée pour approfondir le dialogue conjugal et spirituel. Chacun fait le point sur son cheminement et sur ce qui lui paraît important dans la vie du couple et de la famille.
Que le mystère de la Sainte Famille devienne aussi, un peu, notre partage ! Demandons cette faveur et cette grâce au cours de l’Eucharistie de ce jour : que par Marie, nous méritions de vivre un jour ce que Joseph a contemplé une fois dans sa vie !
P.A.M.