Reconnaître le seigneur

3° dimanche de Pâques

La liturgie de ce 3° dimanche de Pâques oriente notre regard vers Jésus ressuscité. Aujourd’hui, nous sommes tous des contemplatifs, invités à nous émerveiller devant « celui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Chef et le Sauveur » (Première lecture). La deuxième lecture nous fait partager une vision de Saint Jean, celle d’un monde céleste tourné tout vers Dieu  et vers le Christ pour célébrer leur gloire. A notre tour, nous sommes invités à joindre nos voix à celles des anges pour proclamer la gloire de l’Agneau vainqueur sauveur de toute l’histoire humaine ; l’œuvre de Dieu est accomplie en Jésus, qui l’a réalisée.

L’Évangile de ce jour est au dernier chapitre de Jean. L’histoire repend son cours, avec ses bons jours et ses mauvais jours, avec ses bonnes pêches et ses mauvaises pêches. Les hommes qui s’étaient arrachés au lac et à leurs filets pour suivre Jésus sont de retour, sur la rive. Pierre mène le groupe. Le temps est aux vieilles habitudes et les pêcheurs retrouvent leur métier. Comme si rien n’avait été, comme si rien n’avait changé. Ils reprennent leur barque et ils reprennent le large. Au sortir de la nuit, au petit matin, alors qu’ils reviennent bredouilles de la pêche, un inconnu les interpelle depuis le rivage.

Le triple enseignement de ce récit

Enseignement 1. Jésus s’intéresse à eux, à leur besoin, à leur faim. « Avez-vous un peu de poisson ? ».

Et l’inconnu se mêle de leur vie et de leur métier. « Jetez le filet à droite ».Il en faut une dose de confiance pour jeter une fois de plus le filet. L’inconnu les appelle à une disponibilité physique, et par là même à une disponibilité intérieure. C’est au cœur même de leur métier, que Pierre et ses compagnons font l’expérience spirituelle de la puissance du Christ qui les saisit et rend leur pêche fructueuse[1]. L’avenir s’ouvre grand « C’est le Seigneur ! » s’écrit Pierre avant de se jeter à l’eau. Notre vie quotidienne est le lieu de la rencontre avec Dieu. Plutôt que d’être un « problème », le Ressuscité est une « solution ». Il re-suscite un espoir, une espérance, il fait revivre, comme dans nos vies !

Enseignement 2. Lors de la première pêche miraculeuse, Jésus avait dit à Simon-Pierre : « Ne crains point, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » (Lc. 5, 10) Le Seigneur assimilait ainsi les hommes, les femmes, de toutes races et de toutes nations, à ces poissons que Pierre venait de pêcher. Cette assimilation fut telle que, dès les premières années du christianisme, le symbole du poisson était le moyen caché pour signifier son appartenance au Christ. De siècle en siècle, cette assimilation perdura jusque dans cette appellation de l’anneau qui sert au Pape pour sceller ses décrets et ordonnances : l’Anneau du Pêcheur (la bague que porte Tout souverain pontife et qui est détruite à sa mort)

Enseignement 3. Sans équivoque possible, les poissons que Simon a pêchés avant comme après la résurrection du Seigneur, ce sont bien des hommes et femmes, du moins d’une manière symbolique, mystique ! Si donc le filet ne s’est pas rompu après la résurrection, c’est pour nous montrer que tous les hommes, toutes les femmes capturés par Simon-Pierre sont et restent bien unis ensemble, par la volonté du Seigneur, qui a ordonné cette pêche miraculeuse.  Par la grâce de la mort et de la résurrection du Christ, c’est-à-dire par notre baptême en sa mort et en sa résurrection, nous, Chrétiens, vivant dans la présence mystérieuse de Jésus nous sommes appelés par Pierre à vivre dans l’unité de la foi, de l’espérance et de la charité ! S’il y a une grâce de la Résurrection, c’est bien celle de l’unité de tous les Chrétiens ! Et s’il y a bien un signe non-équivoque qui nous annoncera le Retour de Jésus ressuscité, ce sera bien la réalisation parfaite de l’unité de tous ceux qui sont au Christ et qui demeurent en Lui, et Lui en eux : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt. 28, 20)

Le signe du Ressuscité

L’évangile est le récit d’une apparition, ou plutôt d’une manifestation, de Jésus ressuscité. Le disciple que Jésus aimait est le premier à reconnaître le Maître, et Pierre se jette à l’eau pour rejoindre plus vite le Seigneur.  Et voici les signes de la présence du ressuscité : « le filet plein de poissons », « le repas prêt », « le pain partagé » …. Tout se passe dans la proximité et la discrétion. Le poisson déjà préparé sur la braise et le poisson apporté de la pêche se rejoignent pour le repas qui rassemble Jésus et ses disciples : ce repas scelle une alliance. Lorsque à notre tour nous prendrons place à la table du Seigneur, nous nous rappellerons que nous avons, comme les Apôtres, à être ses témoins. L’Évangile se termine sur cette parole du Seigneur. « Suis-moi ». C’est à nous que cette parole est adressée aujourd’hui.

« Suis-moi ». C’est un appel qui reste d’actualité. C’est « en suivant Jésus » que l’on apprend à le connaître : le baptisé n’a pas d’abord besoin « d’étudier les choses » mais « d’une vie de disciple » : « suivre Jésus : avec ses propres vertus, avec ses péchés aussi, mais toujours suivre Jésus », affirme le pape François lors de la messe du 20 février 2014, à la Maison Sainte-Marthe. Il lui faut « rencontrer quotidiennement le Seigneur, tous les jours, dans les victoires et les faiblesses ». C’est « un chemin que l’être humain ne peut pas faire seul » : Connaître Jésus est un don du Père, une œuvre de l’Esprit Saint, qui est un grand travailleur. Ce n’est pas un syndicaliste, Ce n’est pas un « gilet jaune », moins encore un « black block ». L’esprit-Saint est un grand travailleur et il œuvre en l’homme, toujours. Il explique le mystère de Jésus et donne le sens du Christ.

Puissions-nous prêter attention à notre vie, et, à la manière de Pierre, nous jeter à l’eau. « Seigneur, tu sais bien que je t’aime. ». Vivant avec toute l’Eglise, et notamment avec Pierre et les Apôtres, la Très Sainte Vierge Marie est là pour aider tous ceux qui sont ses enfants ! Si le Christ est là, parmi nous avec son Esprit, pourquoi Marie, Celle qui est l’Épouse de l’Esprit-Saint, ne serait-elle pas mystérieusement présente elle aussi avec nous et parmi nous ? Prions-La avec ferveur, afin que la grâce de la Résurrection du Seigneur se répande toujours davantage sur l’Eglise et sur le monde entier !

 

[1] Cette apparition de Jésus est caractéristique, car il s’agit ici d’une scène qui eut déjà lieu avant la mort et la résurrection du Seigneur. Rappelons-nous en effet cette autre pêche miraculeuse : « Jésus dit à Simon : « Avance en eau profonde, et jetez vos filets pour pêcher.» Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais à ton ordre, je jetterai les filets » L’ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons ; mais leurs filets se déchiraient ». (Lc. 5, 4-6 – Voir l’homélie pour le cinquième dimanche dans l’année, Année C) Mais ces deux pêches miraculeuses diffèrent entre elles, car, de l’une à l’autre, Jésus, le Seigneur, est mort et ressuscité !

 

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