Le sixième dimanche de Pâques
Jean 14, 15-21
Nous avons un besoin profond de paix.
Certaines maisons sont de véritables champs de bataille, non seulement parce que tout y est en désordre mais surtout parce que la chicane règne en maître; on ne sait trop pourquoi mais on se réveille un beau matin pour constater que petit à petit la grogne s’est installée parmi nous : on ne se parle plus, on ne se regarde plus, on s’évite même, on parle dans le dos des autres, etc … ; il ne fait plus soleil dans la maison, c’est sombre et parfois l’atmosphère est à l’orage ; c’est parfois pareil dans nos relations avec nos amis, nos compagnons et compagnes de travail, etc…, alors que c’est si agréable quand on est capable de se parler, de se dire bonjour, de se souhaiter bon anniversaire, de s’intéresser à l’autre, de lui rendre service à l’occasion, de se faire rendre service, etc.
Pas besoin d’écouter longtemps la radio ou de regarder la télévision ou de lire le journal pour constater que la paix bat de l’aile dans beaucoup d’endroits de la planète ; le conflit israélo-palestinien s’éternise, des femmes et des enfants sont exploités, des riches s’enrichissent encore plus sur le dos des pauvres qui s’appauvrissent encore plus, l’économique l’emporte sur l’écologique, l’argent règne en maître sur les personnes et les asservit ou les appauvrit, etc … ; ce n’est pas ainsi qu’on construit la paix, cela vans sans dire ; mais il y a aussi de beaux fruits de paix produits par des organismes internationaux de solidarité et de partage, d’aide aux plus démunis, de lutte contre la violence, etc… et aussi par des gestes personnels, discrets mais réels…
Les textes de la messe de ce dimanche nous indiquent quelques chemins de paix qui pourraient certes nous être utiles.
Le premier chemin c’est : prier son Dieu intérieur.
Il est quand même étonnant que Jésus, au milieu de son discours d’adieu, juste avant sa passion, et au cœur de l’annonce de l’envoi de l’Esprit, glisse, comme entre parenthèses, cette affirmation merveilleuse : « Si quelqu’un m’aime, mon Père et moi, nous l’aimerons et nous ferons chez lui notre demeure. » C’est une affirmation capitale qui veut dire que nous pouvons en tout temps nous référer à lui, particulièrement quand notre cœur risque d’être bouleversé par toutes sortes d’événements intérieurs ou extérieurs, quand notre cœur menace de perdre sa paix ou qu’il a besoin de la retrouver.
Même en Église, la paix a parfois du mal à respirer. Certaines communautés chrétiennes sont en proie à des tiraillements pas toujours évangéliques: querelles entre les divers comités des paroisses, difficultés à propos de projets de fusion de paroisses et de création d’unités pastorales, etc… ; L’ambition et la jalousie humaines ne sont pas absentes même si on travaille en Église et au nom de l’Évangile ! Mais il y a aussi des gestes quasi héroïques de charité chrétienne qui restent anonymes : le bénévolat, le partage, le pardon, l’attention à l’autre, etc.
Prier notre Dieu intérieur
quand nous traversons des moments d’inquiétude ou de tristesse,
quand notre esprit est balayé par un vent de rancune ou de méchanceté,
quand notre ego est humilié ou ridiculisé,
quand la paix risque de s’en aller par la fenêtre de la maison familiale ou communautaire…
Prier notre Dieu intérieur
c’est donner une chance à la paix et à la joie de rester ou de revenir à la maison!
Le deuxième chemin de paix c’est : l’Esprit de Dieu.
Les personnes, les communautés, les familles qui ont un amour et une dévotion particulières à l’Esprit deviennent rapidement des lieux où rayonnent la paix et la joie. Aux enfants qui font leur confirmation on enseigne que la paix et la joie sont de magnifiques fruits de l’Esprit.
Ce n’est pas pour rien que le Seigneur promet à ses disciples l’envoi de l’Esprit. L’Esprit est, pour ainsi dire, le successeur de Jésus lui-même. Nous savons que nous sommes présentement dans le temps de l’Esprit. Nous prions bien le Père et le Fils. À part quand nous faisons notre signe de croix, plus ou moins sans y penser, prions-nous l’Esprit ? Quand nous prions, demandons à l’Esprit de nous donner sa paix et sa joie. Nous en avons tant besoin.
Le troisième chemin c’est : l’amour de Jésus.
Jésus à la dernière Cène a parlé avec son cœur. Avant de quitter ce monde, Jésus a dit qu’il se manifestera, mais à une condition. Dans l’Évangile d’aujourd’hui il y a deux SI qui décrivent cette condition.
« Si quelqu’un m’aime…
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie… », a dit Jésus à ses disciples.
On n’échappe pas à ce si. Sans cet amour de Jésus, tout ce qui va suivre après la dernière Cène n’aurait aucun sens.
Jésus ne doute pas que ses disciples l’aiment et pourtant il insiste «Si…» C’est que l’amour de Jésus est indispensable pour éprouver une paix et une joie profondes : « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix, non pas à la manière du monde… » On voit bien comme aimer Jésus et être en paix vont ensemble.
Ce dimanche est une bonne occasion de nous demander si nous aimons vraiment Jésus. Non seulement sentimentalement : Jésus est une personne attachante, fascinante même, aimable et aimante… comment ne pas l’aimer ? Mais aussi efficacement : comment vérifier notre amour effectif de Jésus ? C’est simple : vérifions la qualité et la quantité de notre prière et de notre amour des autres, particulièrement de nos proches et des plus pauvres ? Alors la paix, la grande paix de Jésus, et sa petite sœur la joie, entreront dans notre cœur pour y rester toujours et déborderont petit à petit dans le cœur des autres.
Les Apôtres traduiront cette volonté du Seigneur par la contemplation, régulière et gratuite, de sa gloire et aussi, sur le terrain concret de la vie quotidienne, par l’amour effectif du prochain particulièrement dans la solution pacifique et réaliste des conflits.
Ce testament du Seigneur n’a rien perdu de son actualité.