Méditation du dimanche des Rameaux
« Profondément attristés, ils se mirent à lui demander,
l’un après l’autre : serait-ce moi Seigneur ?»
Mt 26,14-25
Mt. 21,1-11 et 26,14-27. 66
Nous sommes entrés dans la Semaine Sainte. Nous avons proclamé l’évangile de la Passion. Nous l’avons reçu dans toute sa simplicité… dans toute sa gravité, avec cette question des disciples : Serait-ce moi ?
Drôle d’ambiance. Le soupçon épais rode. La trahison habite le festin. Tous, l’un après l’autre, interrogent Jésus « Serait-ce moi » le traître ? Personne ne sait mais chacun se sent « capable » de trahison.
Les « douze compagnons » ne se font pas d’illusions sur eux-mêmes et chacun n’est pas certain de l’autre. La réalité se traduit dans un climat de fragilité. Après des mois et des mois de compagnonnage, nul n’a l’assurance d’être fidèle jusqu’au bout. Quelle leçon d’humilité! Chacun se connaît assez pour savoir qu’un coup de folie peut le déstabiliser et le rendre traître. Les uns et les autres ont appris à vivre au milieu de la tentation et des ruses du démon. Ils savent tous, par expérience, que le péché d’incrédulité peut les submerger et qu’il faut veiller pour ne pas être surpris. Leur honnêteté est grande, leur lucidité aiguisée. Ils osent demander au Seigneur de leur faire connaître leur « faute », si jamais ils ne l’avaient ni démasquée, ni caractérisée.
Moment douloureux mais grandissime de l’aveu, de la fragilité qui n’apparaît pas ici comme une honte mais comme une confiance. Chacun appelle Jésus « Seigneur ». La foi leur murmure qu’il a le pouvoir de pardonner et que jamais il ne tient rigueur de rien. La méditation de ce passage nous invite à prendre des « précautions » pour ne pas renier notre intimité avec le Christ. Ni plus ni moins que les apôtres, nous sommes capables de toutes les trahisons possibles. Ce n’est pas une atmosphère de peur, mais de simple vérité. La fidélité prend les moyens de durer, elle ne s’expose pas au-delà des forces de son tempérament, confiante elle défie le temps, sa sécurité est justement sa modestie.
Pour être fidèle je suis insuffisant, non seulement j’ai besoin de vivre une histoire d’amour avec le Christ que j’ai librement choisi, mais aussi, si par malheur je me laisse surprendre et flirte avec le reniement, je sais à quelle source revenir pour guérir.